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Connaissez-vous l’histoire de ce diplomate français surnommé le diable boiteux ? Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord a su tirer son épingle du jeu en manipulant à sa guise gouverneurs et rois. Découvrons l’histoire de cet homme d’État controversé…
Talleyrand était un diplomate, un épicurien incarnant l’art de la vie aristocratique du siècle des Lumières.
Il naît en 1754 dans une famille de haute noblesse, mais malheureusement, il a un pied bot. Cette déformation l’oblige à marcher avec une canne et l’empêche de s’engager dans une carrière militaire. Il choisit donc le clergé…
À l’âge de 16 ans, il entre au séminaire Saint-Sulpice. Quatre ans plus tard, il reçoit les ordres mineurs et un baccalauréat en théologie à la Sorbonne. Par la suite, il devient chanoine de la cathédrale de Reims et abbé commendataire de Saint-Denis de Reims.
Rapidement, il gravit les échelons et devient prêtre, agent général du clergé de France, avant d’être nommé évêque d’Autun en 1788, grâce à une requête de son père mourant auprès du roi Louis XV. Il est élu le 2 avril député du clergé d’Autun aux États généraux de 1789.
Lors des États généraux, Talleyrand se rallie au tiers état, suivi de la majorité du clergé. Il est le premier membre nommé au comité de constitution de l’Assemblée nationale et donc signataire de la Constitution présentée au roi.
Il dépose une motion auprès de l’Assemblée constituante pour renflouer les caisses de l’État : la nationalisation des biens de l’Église. Cela lui vaut d’être fortement critiqué pour avoir trahi son ordre premier, le clergé.
Il est ensuite élu président de l’Assemblée. Alors que la Constitution va être adoptée, Talleyrand et les royalistes constitutionnels sont à l’apogée de leur influence sur la Révolution.
La Fête de la Fédération est la fête célébrée le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille, sur le Champ-de-Mars de Paris. C’est Talleyrand qui en est à l’origine.
Il démissionne ensuite de ses fonctions épiscopales en 1790 pour se consacrer à la vie politique. Il part à Londres pour des négociations diverses. En 1792, il rentre à Paris, puis démissionne de sa fonction d’administrateur du département de Paris pour partir en exil devant la Terreur de Danton.
De retour en France après son exil, Talleyrand devient une figure politique aux multiples visages… Ses nombreux changements de camp lui vaudront une réputation de girouette et de manipulateur. De nombreux dessins satiriques de l’époque dénoncent ce trait de personnalité.
« Le meilleur moyen de renverser un gouvernement, c’est d’en faire partie. »
Pendant le Directoire, il devient ministre des Affaires étrangères grâce à l’influence de Germaine de Staël. Il participe aux prémices du coup d’État de Napoléon Bonaparte (18 Brumaire).
Sous le Consulat, Talleyrand récupère son poste de ministre des Affaires étrangères et prend une place importante aux côtés de Napoléon.
À la suite du sacre de Napoléon en 1804, Talleyrand accompagne l’Empereur dans ses décisions : guerres, actes de paix, collaborateurs, relations commerciales, équilibre des nations européennes… Il évite certaines guerres grâce à des accords de paix et fait de certaines nations des alliés. En 1807, il est élu vice-grand électeur.
Bien que proche de Napoléon, Talleyrand joue quelques coups bas à l’Empereur, ce qui lui vaut de tomber en disgrâce. Il continue toutefois d’influer sur la politique.
À cette époque, Talleyrand écrit à Louis XVIII et pense que le retour des Bourbons est la solution idéale compte tenu de la situation du pays. En 1814, Talleyrand est nommé ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII et signe le traité de paix entre le roi et les puissances alliées : c’est la Restauration.
Sous la pression des ultraroyalistes, Louis XVIII contraint Talleyrand à démissionner. Il le nomme ensuite grand chambellan en 1815. Il est tenu éloigné du pouvoir jusqu’en 1830, date à laquelle il œuvre pour l’instauration de la monarchie de Juillet. Le roi Louis-Philippe le remercie de ses faveurs et le nomme ambassadeur à Londres. Il travaille à l‘indépendance de la Belgique avant de se retirer de la vie politique en 1834…
Le château de Valençay, situé dans le Berry, est célèbre pour avoir été la demeure de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
Il en fait l’acquisition en 1803, à la demande et avec l’aide financière de Napoléon Bonaparte.
De nombreux objets précieux ayant appartenu à Talleyrand ornent chaque pièce du château, véritables témoins du passé.
Dans le contexte de la guerre d’Espagne, Napoléon ordonne à Talleyrand en 1808 de transformer Valençay en prison dorée pour l’héritier de la couronne, et celui-ci se fait un plaisir de jouer les geôliers… Il traite ses hôtes avec « respect, égards et soins » et ils resteront à Valençay jusqu’en 1814.
Talleyrand, séjournant plus souvent à Valençay à partir de la Restauration, s’intéresse de près à la vie locale : il est maire de Valençay de 1826 à 1831 et conseiller général de l’Indre de 1829 à 1836.
Champion de la négociation ou manipulateur, Talleyrand est critiquable sur de nombreux aspects de sa politique. Toutefois, sa carrière et ses actions ont changé le cours de l’histoire de la France et du Val de Loire !
Crédits photos :
©Joel Klinger