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Cette ancienne abbaye a été fondée en 1101 par Robert d’Arbrissel à proximité de Saumur en Anjou, dans le Val de Loire. D’inspiration bénédictine, le site de l’Abbaye s’étend sur 13 ha entre aux frontières de l’Anjou, du Poitou et de la Touraine.
A sa création, l’Abbaye de Fontevraud est un monastère mixte, accueillant femmes et hommes dans les mêmes bâtiments. Par la suite, l’Abbaye de Fontevraud fut agrandi en monastère double dans l’esprit de la réforme grégorienne. Cet établissement s’attira la protection des comtes d’Anjou puis de la dynastie des Plantagenêts qui en feront d’ailleurs leur nécropole.
L’abbaye est dirigée durant presque deux siècles par des abbesses issues de la famille royale des Bourbons, après un déclin à partir du XIIIème siècle. L’établissement est fortement transformé à la Révolution Française, puisque cet événement porte un coup d’arrêt définitif à sa vocation première, pour devenir un établissement pénitentiaire.
L’Abbaye de Fontevraud est classé au titre des monuments historiques en 1840, ainsi des rénovations débutent à cette époque pour redonner à cet édifice toute sa splendeur. En 2000, l’Abbaye de Fontevraud est à nouveau classé, cette fois-ci au patrimoine mondial de l’Unesco avec l’ensemble du site naturel du Val de Loire.
Aujourd’hui, l’Abbaye de Fontevraud située en Maine-et-Loire, est composée de deux monastères encore subsistants sur les quatre d’origine. Le monastère du Grand-Moûtier, le plus important des deux, est ouvert au public. Ce dernier héberge l’église abbatiale, la chapelle Saint-Benoît du XIIème siècle, la cuisine romaine ainsi que le cloître, les bâtiments conventuels, dont les infirmeries et la salle capitulaire. Le second monastère est le prieuré Saint-Lazare, dont l’église date du XIIème siècle, a été transformé en résidence hôtelière.
Fondée en 1101 par le moine et ermite Robert d’Arbrissel, le projet de l’Abbaye de Fontevraud fait suite à la réception du pape Urbain II en 1096 à Angers. Ce dernier lui donne une mission de prédication apostolique. Ainsi, Robert d’Arbrissel est rapidement suivi par une foule importante, composée d’hommes et de femmes de différentes classes sociales. Dans un premier temps, il s’installe entre 1099 et 1101 dans un vallon nommé “Fons Ebraidi”, où il fonde avec ses premiers disciples une maison mixte, rompant ainsi avec les règles du monachisme ordinaire. Cette organisation mixte est peu appréciée par un certain nombre, en cette période de réforme grégorienne. Robert d’Arbrissel scandalise par sa vision consistant à une cohabitation chaste de personnes de sexes différents dans le but de surmonter les tentations charnelles.
Afin de calmer ce scandale, en 1001, il transforme la maison en séparant les hommes et les femmes. Par la même occasion, il met en place deux autres structures. Ainsi, l’Abbaye de Fontevraud est composée du monastère Saint-Jean-de-l’Habit, pour les hommes, du monastère Grand-Moûtier, pour les femmes, du monastère de la Madeleine, pour les pécheresses repenties et le couvent Saint-Lazare pour les lépreux.
Cinq ans plus tard, l’évêque de Poitiers et le pape Pascal II reconnaissent l’ordre de Fontevraud. Les grandes familles de l’aristocratie locale, notamment les comtes d’Anjou, soutiennent la fondation. Par la suite, Robert d’Arbrissel décide de reprendre son itinérance, il désigne une femme pour reprendre la direction de l’Abbaye, Hersende de Champagne. De nombreux religieux refusent de se soumettre à l’administration d’une femme, malgré son élection en octobre 1115, ils partent donc de l’établissement religieux. L’intervention du pape est nécessaire pour faire cesser les nombreux départs.
Pendant tout le XIIème siècle, l’ordre de Fontevraud continue de s’étendre : à la mort de Robert d’Arbrissel, il compte déjà trente-cinq prieurés, regroupant deux mille religieux et religieuses. Vers 1150, Suger, abbé de Saint-Denis, comptabilise entre quatre et cinq mille moniales. À la fin du siècle, on compte une centaine de prieurés dans toute la France, puis par la suite, en Espagne et en Angleterre.
Avec la fin de l’empire Plantagenêt, l’abbaye se retrouve dans une situation des plus délicates. En effet, ses possessions se trouvent sur l’ensemble du domaine de l’ancien empire, y compris donc en Angleterre. Plus précisément, les possessions angevines et tourangelles passent du côté du roi de France, mais quant à celles du Poitou et de Guyenne, elles sont encore sous influence anglaise. De plus, l’ordre de Fontevraud ne cesse de s’appauvrir. Pour preuve, la mention que l’abbesse Mathilde de Flandre réalise “l’excessive pauvreté dont nous souffrons”.
Pour faire face aux difficultés, différentes solutions sont mises en place. Tout d’abord, à partir de 1247, les moniales ont l’autorisation de bénéficier des biens de leurs parents en cas de succession. Ensuite, la création de nouveaux prieurés fontevristes est stoppée. Toutefois, cela ne suffit pas, l’abbesse est obligée d’échanger le domaine des Ponts-de-Cé près d’Angers au comte d’Anjou contre une rente de 300 setiers de blé et 70 livres en argent. En 1927, le nombre maximum de moniales du Grand-Moûtier est abaissé de 360 à 300 par l’évêque.
En plus de cette situation très délicate à gérer et du manque de moyens financiers de l’établissement, l’Abbaye de Fontevraud doit faire face aux difficultés engendrées par le début de la guerre de Cent Ans. Durant cette guerre, l’abbaye connaît deux grandes conséquences négatives : la perte de 60% de ses rentes foncières et son environnement ravagé à plusieurs reprises.
L’abbesse Marie de Bretagne arrive à la tête de l’Abbaye de Fontevraud en 1457. Il est urgent d’agir, elle décide donc de réformer l’ordre. Tout d’abord, elle supprime les prieurés trop pauvres et rédige une nouvelle règle. Ensuite, elle obtient le soutien du nouveau roi, Louis XI. Malheureusement, malgré le soutien également du pape, elle arrivera à réformer six prieurés seulement.
Par la suite, Renée de Bourbon prend la succession et devient, une fois élue, la première abbesse de Fontevraud à provenir de la famille royale de Bourbon. Deux grandes priorités sont fixées, elle souhaite faire appliquer la réforme et entreprendre une rénovation architecturale. De nombreux travaux ont eu lieu ensuite, comme construction de la clôture de l’abbaye longue d’un kilomètre trois cents. Louise de Bourbon succéda à Renée de Bourbon et fit en sorte que les grands travaux soient continués.
Après une période de développement pour l’Abbaye de Fontevraud, cette dernière connaîtra un coup fatal lors de la Révolution française. Les moyens financiers ne sont plus là, la dîme (une contribution) n’est plus perçue. Le 2 novembre 1789, les biens du clergé sont déclarés comme des biens nationaux. L’abbesse et l’ensemble des religieux doivent donc quitter l’établissement, ce qu’elle refuse. Plus d’un an après, il ne restait plus que quelques religieux, le maire de Fontevraud, Alexandre Guerrier, ancien moine, fait dresser l’inventaire des biens. Un certain nombre de religieux en profitent pour quitter l’ordre et recevoir en échange une pension de la part de l’Etat. La dernière abbesse quitte l’abbaye le 25 septembre 1792.
Le 30 janvier 1793, un groupe arrive à rentrer dans l’abbaye malgré l’interposition du gardien, et commence à piller et saccager l’ensemble des bâtiments. Les sarcophages et cercueils du caveau des abbesses sont totalement brisés et les ossements laissés à l’abandon voire même jetés. Afin d’éviter de nouveaux pillages, la municipalité décide très rapidement de vendre les biens restants.
A l’époque de Napoléon 1er, l’abbaye devient un établissement de détention. Cette nouvelle fonction a nécessité de nombreux travaux. Toutefois, l’essentiel de la structure est préservé. Fontevraud a été considéré comme la centrale pénitentiaire la plus dure de France.
Dès 1840, l’Abbaye de Fontevraud figure sur la première liste nationale de classement des monuments historiques, et cela grâce à l’action de Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques. Les importants travaux ininterrompus jusqu’en 1963 lui redonne sa splendeur d’origine.
En 1975, le Centre culturel de l’Ouest est fondé par Olivier Guichard, président du Conseil régional des Pays de la Loire. Il nomme Henri Beaugé-Bérubé pour diriger ce nouvel établissement.
Ainsi, aujourd’hui, il est possible de découvrir l’église abbatiale, ainsi que le cloître. Ce dernier formant le centre du monastère du Grand-Moûtier. A ne pas manquer également, la salle capitulaire où la communauté religieuse se réunissait quotidiennement. A découvrir aussi, la cuisine, la Chapelle Saint-Benoît, les infirmeries, le prieuré Saint-Lazaré et les couvents Saint-Jean-de-l’Habit et de la Madeleine.
Pour plus d’informations : www.fontevraud.fr
Crédits photos :
© Pierre Mairé (Wiki CC), Jean-Christophe Benoist (Wiki CC), Alexandre Dolique (Flickr CC), Angel de los Rios (Flickr CC), Nono off, Marc Ryckaert, Merlijin Hoek