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Richement meublé et décoré, le château royal de Blois est l’un des plus importants châteaux du Val de Loire, de par son mélange architectural et son histoire.
Même si Chambord représente l’un des plus beaux et grands monuments de France, le château royal de Blois fait partie des résidences royales qui ont marqué l’histoire et l’art, lieu quotidien de la Cour à la Renaissance. L’édifice est situé dans le département du Loir-et-Cher, en Région Centre Val de Loire, et dans le Val de Loire.
Le château a la particularité d’être urbain, il est en d’autres mots situé dans le centre-ville de la ville de Blois, au bord de la Loire et en plein cœur de la vallée des rois.
En plus d’avoir été une résidence royale, il possède aussi un florilège de l’architecture et de l’art français, en étant notamment labellisé musée de France. Histoire, architecture, et visites… voici l’exemple parfait de l’art et de l’histoire des châteaux de la Loire.
Découvrez le château royal de Blois dans ce dossier divisé en plusieurs parties.
Le château royal de Blois a accueilli de nombreuses familles, seigneuriales comme royales, et cela depuis le Moyen-Âge jusqu’à l’époque contemporaine. La première apparition du château dans l’histoire reste le Blisum castrum, château de Blois, qui était édifié sur les bords de Loire durant le règne de Charles le Chauve en 854. Ce château de bois a malheureusement été attaqué et détruit par les Vikings. Il faudra alors attendre le Xe siècle pour voir naître la première forteresse.
Le château de Blois a d’abord été une résidence de comtes, qui ont notamment été nommés par l’empereur d’époque, Louis le Pieux, puis de façon héréditaire. Ces puissants seigneurs féodaux du Xe et XIe siècle possédaient des terres de Blois jusqu’à Chartres et jusqu’à la Champagne, leur maison étant finalement celle de Blois-Champagne jusqu’au XIIIe siècle. Thibaud Ier dit le Tricheur, fils de Thibaud l’Ancien vicomte de Tours et comte de Blois, fut le premier à édifié la première forteresse de Blois au Xe siècle.
En effet, suite à ses tentatives d’acquisitions des comtés de Chartres, de Dunois et même d’Anjou, il se mit à construire des forteresses là où il était victorieux et bâtit à Blois une “grosse tour”. Des fortifications composées de tours et de hauts remparts entouraient alors un logis, des chapelles et une salle des Etats, ainsi qu’un autre grand nombre de bâtiments.
Ayant toujours des différents avec les rois de France, les comtes de Blois affrontent toujours par la suite la couronne. Louis de Blois s’allie en effet à Richard Coeur de Lion pour combattre Philippe-Auguste, son oncle, le frère de sa mère Alix de France. Louis de Blois fut aussi l’un des chefs de la quatrième Croisade, et il participa à la Prise de Constantinople en 1204. Cependant, mort en Terre Sainte en 1205, son fils Thibaud VI fut le dernier comte de Blois de la maison Blois-Champagne. C’est ce dernier qui est à l’origine de la grande salle, la Salle des Etats, en 1214. A sa mort, le comté de Blois va aux mains de la Maison de Châtillon-sur-Seine, et perd du poids sur l’influence politique dans la couronne.
La famille Châtillon est néanmoins à l’origine d’un grand nombre d’établissements religieux à Blois. Le couvent des Cordeliers en 1256, le monastère de la Guiche à Chouzy en 1271, ou le couvent des Jacobins en 1273. La maison de Châtillon perdant son dernier héritier au XIVe siècle, Guy II – le dernier comte de la maison – décida de céder le comté de Blois à Louis de France, duc de Touraine et fondateur de l’importante maison d’Orléans.
Les ducs d’Orléans sont les premiers prince qui ont vécu à Blois. Le château de Blois a même été leur résidence favorite pendant presque un siècle. Acheté en 1391 par Louis d’Orléans, le frère du roi Charles VI, Blois devient la propriété des ducs d’Orléans officiellement en 1397 à la mort de Guy II. Assassiné à Paris en 1407 par son rival Jean sans peur des ducs de Bourgogne, Louis Ier duc d’Orléans cède ainsi le comté de Blois à son fils Charles d’Orléans, devenant chef de la féodalité française. Seulement, la guerre étant toujours présente entre Orléans et Bourgogne, les Anglais en profitent pour retourner en France, battre la chevalerie française à Azincourt et faire prisonnier Charles d’Orléans, emmené en Angleterre. Durant 25 ans, il sera en captivité à Londres, où il a écrit sa célèbre oeuvre poétique.
Revenu en 1440 en France, il remercie son demi-frère Jean, bâtard d’Orléans fils illégitime de Louis, qui a défendu les possessions du comté de Blois, en lui offrant le comté de Dunois. Jean d’Orléans, le “bâtard”, a d’ailleurs été le compagnon de Jeanne d’Arc lors de la libération d’Orléans. Avant son départ pour cette bataille, elle a d’ailleurs été bénie dans la chapelle du château de Blois par l’archevêque de Reims Renault de Chartres, qui sacrera le roi Charles VII un peu plus tard.
A son retour à Blois, Charles d’Orléans a aussi décidé de faire du château un centre culturel français, en faisant de sa cour le rendez-vous de tous les poètes de l’époque. François Villon, le plus célèbre poète du Moyen-Âge, y a d’ailleurs vécu de 1457 à 1458. Il y a même remporté un concours lancé par Charles d’Orléans avec sa Ballade du concours de Blois.
Le 27 juin 1462, Charles d’Orléans a un fils : Louis. A la mort de Charles en 1465, il devient duc d’Orléans, comte de Blois sous le nom de Louis II. Le roi Louis XI décide alors stratégiquement de contraindre Louis II d’Orléans à épouser sa fille Jeanne de France, le mariage étant célébré en 1476, afin que la branche d’Orléans soit éteinte et que celui-ci ne devienne pas un rival politique à l’avenir.
A la mort de Louis XI, il n’arrive pas à obtenir la régence du royaume confiée à Anne de Beaujeu, son cousin Charles VIII devient alors roi de France. Mais ce dernier meurt accidentellement en 1498, sans enfant et héritier. Louis II, désormais Louis XII, devient alors roi de France, et annule son premier mariage par le Pape Alexandre VI. Le château des comtes de Blois devient alors résidence royale et Louis en fait d’ailleurs sa résidence principale. Il s’y installe avec sa nouvelle femme depuis 1499, Anne de Bretagne, qui était déjà reine et femme de Charles VIII, et entreprend une reconstruction importante du château, notamment une nouvelle aile qui porte aujourd’hui son nom. Sous le règne de Louis XII, le château royal de Blois devient le lieu de rencontre entre le roi et plusieurs grands seigneurs (César Borgia, Philippe d’Autriche, ou encore Machiavel). Le château voit alors en 1514 le décès d’Anne de Bretagne, ses funérailles étant célébrées à la collégiale Saint-Sauveur de Blois, près du château.
La fille de Louis XII et Anne de Bretagne, Claude de France, épouse alors en 1514 son cousin François d’Angoulême, arrière-petit-fils de Louis d’Orléans. Le couple princier devient alors le couple royal de France, François d’Angoulême prend alors le nom de… François Ier, considéré comme le monarque emblématique de la période de la Renaissance française. Ce dernier, avec sa femme, ont bien l’intention de quitter Amboise et la Touraine pour s’installer à Blois et dans la sologne. La reine décide alors de remeubler le château royal de Blois pour y accueillir la Cour. François Ier lui décide d’y construire deux nouvelles ailes, notamment l’aile François Ier de style Renaissance qui accueillera une importante collection de livres pour l’époque et un monumental escalier. C’est aussi à cette époque qu’il décide de construire le château de Chambord sur un domaine de chasse acquis alors par Louis XII.
Claude de France décède en 1524 au château, François Ier arrête les constructions et part s’installer à Fontainebleau. Cependant, leurs 7 enfants restent à Blois, qui devient alors le lieu où les enfants royaux sont éduqués. Le descendant de François Ier, Henri II, est sacré roi de France en 1547 et fait son entrée à Blois en août de la même année. Il est déjà marié avec Catherine de Médicis depuis 1533, devenue de ce fait elle aussi reine. En 1550, il y fait édifié de nouveaux travaux dans le logis “neuf”, l’aile François Ier d’aujourd’hui, et Catherine de Médicis y fait représenter la tragédie Sophonisbe en 1556, première pièce de théâtre à respecter la règle classique des trois unités.
A la mort d’Henri II en 1559, ses fils successeurs François II puis Charles IX garde le château de Blois comme résidence royale principale, Catherine de Médicis étant toujours la reine-mère et ayant un certain penchant pour Blois. En 1572, un traité avec l’Angleterre pendant les Guerres de religion y est signé, et le mariage entre Henri de Navarre (futur Henri IV) et Marguerite de France, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, y est aussi célébré. Henri III, dernier roi de la dynastie des Valois et frère des deux précédents rois, prend lui la place de roi de France en 1574. C’est lui qui convoque les Etats généraux de 1576 dans la grande salle du château de Blois appelée aujourd’hui la Salle des Etats.
En 1588 et 1589, il en convoque de nouveaux, et y fait notamment tuer dans sa chambre au deuxième étage le 23 décembre 1588 son ennemi le duc de Guise, le frère de ce dernier, et le cardinal de Lorraine. Quelques jours plus tard, la reine mère Catherine de Médicis vient y mourir le 5 janviers 1589. Le château royal de Blois voit donc à ce moment-là le point culminant de son intérêt historique, en ayant vu de lourdes scènes sanglantes et la mort de nombreux rois durant la Guerre des religions.
Huit mois après l’assassinat du duc de Guise, Jacques Clément tue le roi Henri III de son poignard. Son frère François de France étant mort en 1584, le seul héritier reste donc l’homme avec qui sa soeur Marguerite de France se maria : Henri de Navarre. Henri IV devient roi de France, premier de la branche de Bourbon de la dynastie capétienne. Blois perd ainsi son statut de résidence privilégiée de la cour royale. Le château voit cependant Henri IV y séjourner à deux reprises, en 1589 et en 1598-1599. Il décide d’ailleurs d’y construire une grande galerie dans les jardins, sur deux cents mètres de long, entre 1598 et 1602, mais celle-ci sera toujours inachevée. En 1600, il annule son mariage avec Marguerite et se marie avec Marie de Médicis. Cette dernière, veuve en 1610, assurera la Régence de la couronne au nom de son fils Louis XIII jusqu’en 1614.
Néanmoins, Les XVIIe et XVIIIe siècles ont été le temps des exils au château de Blois. La reine Marie de Médicis, tout comme, le duc Gaston d’Orléans, mais aussi la reine de Pologne Marie-Casimire y ont occupé une grande partie de leur temps, sous captivité. Marie de Médicis, veuve d’Henri IV, a en effet été exilée par son fils au château de Blois pour cause de conflits d’intérêt. La reine a édifié au château un pavillon d’angle nord-ouest, dont une inscription en conserve aujourd’hui le souvenir dans les sous-sols de l’aile Mansart. Une légende veut que Marie de Médicis se serait enfui du château en 1619, par une fenêtre, avec l’aide du duc d’Epernon, en empruntant une échelle de corde. Cet épisode a d’ailleurs inspiré Rubens qui en a fait un tableau célèbre peint pour le palais du Luxembourg et aujourd’hui exposé au musée du Louvre.
Louis XIII offre en 1626 le comté de Blois à son frère Gaston d’Orléans comme cadeau de mariage. S’y installant en 1634 après avoir conspiré contre son frère et avoir été chassé de la Cour, Gaston aurait toujours accordé une grande importance au château. Il y a d’ailleurs entrepris des travaux, arrêtés en 1638 par manque d’argent, car il n’est plus l’héritier du royaume depuis la naissance de Louis-Dieudonné. Le Roi-Soleil, Louis XIV, succède à son père en 1643. Gaston d’Orléans retourne alors à Blois, à nouveau exilé, de 1652 à 1653, durant la célèbre Fronde, guerre des Lorrains, opposant le royaume de France à celui de l’Espagne. Il y réunit cependant une collection importante, mais meurt en 1660 dans le château de Blois inachevé, léguant à son neveu Louis XIV toutes ses collections déplacées dans la galerie du jardin, et marquant l’abandon du château de Blois. En effet, même si le comté de Blois et d’Orléans sont de retour à la Couronne, Louis XIV n’a porté aucun intérêt durant tout son règne au château de Blois. Il avait même lancé un projet de destruction du château en 1788, même si à cette époque, de nombreux artistes comme Jean de la Fonte ou Claude Perrault y ont rendu visite. Le ministère de la guerre proposant d’y installer un régiment, le château est alors occupé par le Royal Comtois, régiment de Cavalerie, qui devient en 1791 le 73e Régiment d’Infanterie de Ligne.
Durant la révolution en 1789, le château était à l’abandon depuis presque 130 années à la suite du décès de Gaston d’Orléans. Les révolutionnaires voulant faire disparaître tout souvenir de royauté, pillent le château et le vide de ses meubles, statues, et toute autre oeuvre d’art. La collégial Saint-Sauveur est même acquise puis détruite par l’entrepreneur Guillon. L’état du château royal de Blois deviendra si pitoyable que sa destruction sera pensée. Mais Napoléon Ier décida de le céder à la ville de Blois en 1810. Par manque d’argent, le château est de nouveau utilisé comme caserne par l’armée.
De 1788 à 1867, le château est ainsi occupé par des militaires. Cela a engendré de nombreuses dégradations dans l’édifice, mais a aussi sauvé ce monument royal. L’aile François Ier sera ainsi ouverte au public sous la Restauration, ce qui a permis à de nouveaux artistes comme Victor Hugo, de Balzac, ou Alexandre Dumas de le visiter. Prosper Mérimée, historien, écrivain et archéologue français, inspecteur général des Monuments historiques en 1834, décide alors de classer le château de Blois monuments historiques sous Louis-Philippe en 1841. Il obtient de suite la remise en état du château royal en juillet 1844, notamment par le Félix Dauban, Jules de La Morandière et Louis de la Saussaye. Il sera transformé en musée, en 1850, lorsque Pierre Stanislas Maigreau-Blau décida d’y fonder le célèbre musée des beaux-arts de Blois, installé dans l’aile François Ier, mais ensuite ouvert dans l’aile Louis XII en 1869. Selon lui, malgré le fait qu’il ne reste plus rien des collections des rois de France au château de Blois, le lieu se doit d’être encore un endroit historique et artistique d’importance en France. Depuis, le château royal de Blois accueillent de nombreux travaux de remise en état ou de restauration, comme vers l’année 1920 lorsque Goubert fit construire un escalier monumental en pierre selon des esquisses de Mansart au niveau de l’aile Gaston d’Orléans, restaurée elle aussi.
Depuis, le château appartient à la ville de Blois, et un Son et Lumière a été créé dans les années 1990 afin de faire vivre le château, en plus des visites grandissantes.
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